Qui dit Népal dit forcément trek... enfin pour moi! D'abord grosse hésitation entre l'Everest et l'Annapurna. La différence? En premier lieu, le budget, l'Everest coûte quasiment le double du second. Ensuite, je doutais un peu de mes capacités, pas certaine d'être assez solide pour arriver à atteindre le camp de base de L'Everest. Enfin, la diversité des paysages pour l'Annapurna versus un panorama de montagnes uniquement pour l'autre. Je magasine un peu partout du côté de Katmandou mais il est très difficile de joindre un groupe. Toutes les agences me proposent de faire le tour en solo avec un guide mais c'qui m'intéresse moi c'est de partager ce trek avec une gang sympathique, d'avoir du fun et de se soutenir mutuellement dans l'effort. Bref, je me dis que je trouverai peut-être mon bonheur à Pokhara pour un trek dans les Annapurnas donc go for it! C'est en bus que je m'y rend (800 roupies/10$ cad), ce dernier s'arrêtera toutes les 2h durant un trajet total de 7h. À l'un des stops, je rencontre les Jérémies, 2 pharmaciens français qui me parlent de leur trek qu'ils ont l'intention de faire de façon autonome c'est-à-dire sans guide ni porteur. Échange FB et on se donne RDV à Pokhara pour en parler. Je séjourne au Puskar Guesthouse (5$ cad/nuit), un peu excentré de la rue principale, dortoir très basique mais famille chaleureuse et accueillante. Je retrouve donc les Jérémies ainsi que leurs 3 amis Julie, Hugo et Benjamin pour le souper. Petit groupe de potes super charmant avec qui je passerai une soirée agréable. Par contre, pour embarquer dans leur trip, ça impliquait de les retrouver quelque part en montagne le surlendemain car je n'avais ni mon permis ni ma Tims card pour accéder à la montagne ainsi que de prendre un p'tit vol vers Jomsom. Bon, je les quitte sans confirmer ou non ma participation et j'me dis que la nuit porte conseil. Elle fera donc son œuvre, c'est parti, je pars à leur rencontre! Je me pointe donc le lendemain matin au bureau des permis dès l'ouverture pour obtenir tous les documents nécessaires pour accéder à l'Annapurna (4 000 roupies/50$ cad), je fonce ensuite à l'aéroport m'acheter un aller simple pour Jomsom (135$ cad) et enfin location d'un sleeping bag (1 600 roupies/20$ cad) car du camping est prévu dans le trek. J'allège un peu mon sac à dos qui passe de 13,5 kg à 10 kg et laisse l'excédent à mon Guesthouse. Quelques photos du lac Phewa Tal et fin prête à partir. Mon vol décolle à 6:15 AM, le ciel est totalement dégagé et pourtant un petit stress m'envahit quand je vois l'appareil dans lequel je m'apprête à embarquer. Allé, advienne que pourra, ce qui doit arriver arrivera! Un survol de 20 min au dessus des montagnes himalayennes à couper le souffle et un atterrissage réussi... ouf! Arrivée à Jomsom, j'essaie de trouver un moyen pour rejoindre mon French group à Chaharu/Phedi, endroit que visiblement personne ne connaît. Jérémie me donne finalement des nouvelles et m'envoie la map du lieu de rencontre. Tout commence à prendre forme. De Jomsom je prends un bus vers Muktinath (700 roupies/9$ cad), 2h de route à bord d'un autocar très local sur un chemin fait de pierres et de poussière et longeant de nombreux ravins... ô joie! J'y rencontre Ben, un québécois, avec qui je ferai une petite partie de la route. Finalement à Muktinath, situé à 3 800 m d'altitude, je me renseigne pour savoir comment me rendre à ma destination finale qui est en faite le dernier stop possible avant le Thorung La Pass, the world's biggest pass! Une petite famille népalaise m'indique de la suivre, cette dernière se rend au Muktinath Temple et il semblerait que ce soit le chemin pour y accéder, "vas-y"! On pique à travers les rochers, on échange quelques mots, ils s'assurent que je suis correct et m'amènent à bon port en 30 min. Une fois au temple, c'est jour de fête, les familles se réunissent pour célébrer, c'est plein de monde et de rituels traditionnels. J'aimerai rester mais il me reste 2h de marche pour atteindre le graal à 4 200 m d'altitude. Munie d'un bâton de berger qu'une touriste m'a donnée à l'aéroport, je grimpe tant bien que mal, m'arrête toutes les 2 min pour reprendre mon souffle, salue tous les trekkeurs qui s'en viennent en sens inverse et me souhaite "good luck"... une première étape courte mais pas aisée. J'arrive finalement au sommet et qui je vois, ma gang de français assis en terrasse à se réchauffer autour d'un thé. Yéééé, mission accomplie!!! Mais à peine le temps de poser mon sac, d'enfiler des vêtements chauds et c'est reparti, nous essayons de monter plus haut, histoire de s'acclimater à l'altitude pour affronter le parcours qui nous attend dans les prochains jours. Bon j'avoue que de passer de 900 m à 4 400 m dans la même journée me paraît extrême et même si j'ai pris du diamox (médicament pour le mal des montagnes), je rebrousse chemin avec l'un des Jérémies. Les autres continueront un peu avant de nous retrouver à la Guesthouse pour un bon souper chaud et une nuit frette! On se lève tôt ce matin car une longue journée de marche nous attend jusqu'à Marpha. J'apprendrai que le réveil matinal n'est pas le fort des Jérémies!! Après un bon p'tit-dej', on règle notre nuit en demi-pension (1 000 rp chacun /12$ cad) et nous voilà parti vers Muktinath d'abord, où l'on prend cette fois le temps de visiter le temple bouddhiste/hindouiste. On poursuit vers Jomsom à travers un paysage assez désertique et poussiéreux où nous devrons braver le vent qui nous arrive en pleine face. Avant la tombée de la nuit, nous arrivons à notre destination en empruntant la route plutôt que le sentier de randonnée, un raccourci d'1h30 non négligeable pour éviter la rando dans la pénombre. Après ce 10h de marche, une bonne douche pour ceux qui le pourront car l'eau chaude est capricieuse dans ce coin de pays et un succulent repas pour tous au cours duquel on jasera un peu des prochains jours qui seront en mode camping. Puis on se rend compte qu'il serait bon de se munir de quelques essentiels comme des allumettes, du papier journal, des nouilles instantanées, des pommes séchées (spécialité du coin)... "pouce", on court faire nos derniers achats avant la fermeture du village.... il était moins une!!! Allé, repos bien mérité à 2 700 m d'altitude cette fois donc douce et chaude nuit comparée à la veille! (Nuit en demi-pension : 1 290 rp/16$ cad) Marpha est le point de départ du Dhaulagiri trek. Bon, il faut avouer que le projet était très ambitieux, surtout sans porteur ni guide. À plusieurs reprises nous avions rencontré des trekkeurs qui l'avaient fait et qui nous disaient qu'à 5 000 m d'altitude il y avait de la neige et qu'il fallait être suffisamment équipé, ce qui était loin d'être notre cas. Bref, rien n'est trop dure pour les 6 français que nous sommes (enfin franco-canadienne me concernant!!) et puis pas de pression, on verra rendu là-bas! C'est donc le départ d'une montée interminable à travers un chemin poussièreux, rocailleux et pentu à mort. Notre objectif : Alu Bari à 3 900 m d'altitude. Soleil, vent, pluie, froid, on passe par toutes les conditions climatiques. Un peu perdu vers la fin, mon application maps.me nous indiquera le chemin. Après 7h de marche, on plante les tentes, on rempli les bouteilles d'eau à la rivière, on fait le feu et on admire le paysage. Noodles, soupes de maïs achetés au Japon (merci Jen pour la découverte, elles sont trop bonnes!!!) et plats lyophilisés nous rassasieront avant une nuit fraîche en bivouac. Le lendemain matin, réveil difficile mais nous ouvrons les yeux sur un paysage splendide et un levé du soleil de toute beauté. Jérémie Z nous prépare une bête de feu pour pouvoir boire un p'tit café et permettre à Jérémie B de cuire ses noodles! On plie les tentes enfin, Hugo plie les tentes, et c'est le départ pour un petit 3h de marche vers Yak Kharka qui se situe à 4 500 m d'altitude. Arrivés sur le campement, nous voyons avec horreur que le site où nous nous apprêtons à nous installer est parsemé de déchets. Jérémie Z et moi faisons le tour pour ramasser tout ce que nous pouvons et redescendrons la poubelle à Marpha... comme dirait Bouddha "respect the mountain"!!! Bon, à cette hauteur, la végétation se fait plus rare et trouver du p'tit bois sec relève du défi. Les gars réussiront tout de même à nous faire un feu, le temps de cuire quelques paquets de nouilles et de rations. Et puis partie de carte sous la tente, tout le monde convoite la présidence que Julie et Jérémie B se partagent alors que Jérémie Z est abonné aux postes de trou du cul ou vice-trou du cul!! Dodo très tôt car le froid ne nous motive pas à quitter la tente. La nuit sera frigorifiante et courte. Réveil avant le levé du soleil car la journée risque d'être très longue. En effet, nous pensons continuer notre ascension quelques heures uniquement et redescendre ensuite vers Marpha car la fatigue commence vraiment à se faire sentir et l'impossibilité de faire du feu amoindri nos chances de se nourrir et donc de garder la forme. Benjamin parle encore de jeûner mais les pepitos retrouvés dans le sac d'Hugo lui redonne tout de suite le goût de manger!!! Allé on monte en suivant les balises clairement indiquées cette fois. Ça grimpe sévère, l'oxygène se fait plus rare et à chaque fois qu'on pense atteindre le sommet, une autre montagne apparaît. Au bout de 3h nous arrivons à ce que nous pensons être l'elevation base camp à 4 900 m. J'avoue que l'énergie me manque pour continuer. La décision tant redoutée est sur le point d'être prise : on continue ou on redescend? Je vote pour redescendre car les forces qui me restent serviront à encaisser l'ereintante descente. Julie et Hugo me suivront. Les Jérémies et Benjamin continueront donc la montée mais nous apprendrons plus tard qu'ils parcourront 1h30 de plus que nous, jusqu'au plateau et juste avant la partie enneigée. Nous nous retrouverons de nouveau tous les 6 en fin de journée. Sans trop nous arrêter, il nous faudra 4h pour retrouver la petite bourgade de Marpha... nos genoux et nos mollets s'en souviennent encore!! À notre arrivée, plus de chambres disponibles dans notre Guesthouse, nous en trouvons une autre bien moins sympathique avec un propriétaire businessman mais la douche chaude et la lasagne collective nous réconforteront (1 340 rp/17$ cad pour la nuit en demi-pension). Julie, Hugo et Benjamin sont tous 3 un peu restreints par le temps car ils n'ont "que" 2 semaines de congés. Nous devons donc aménagé notre itinéraire afin de ne garder que les meilleures étapes du trek. Ce sera donc une journée d'autobus des plus folkloriques qui nous attend pour nous rendre jusqu'à Tatopani. Mais avant de quitter Marpha, nous visitons rapidement le temple bouddhiste tibétain et assistons à une partie de la prière. Puis c'est un départ, nous avions prévu à la base de nous rendre jusqu'à Ghasa en bus puis de marcher jusqu'à "Tato". D'après le proprio de l'hostel, un autocar partait toutes les heures depuis la gare routière située à la sortie du village. Or, il n'existe clairement pas de gare, nous décidons donc d'arrêter tous les bus qui partent dans la bonne direction mais ils sont tous archi full. Un local nous suggère de nous rendre jusqu'à Jomsom et de là, prendre un autocar vers notre destination. Jérémie B nous organise ça en deux temps trois mouvements, nous voilà tous les 6 à bord d'un bus privatisé!!! À Jomsom, nous embarquons dans un car vers Ghasa (830 rp/10$ cad) mais au bout de 15 minutes ce dernier tombe en panne, il nous faut donc en changer. Les gars se chargent de ficeler correctement les sacs sur le toit... aaaahhhh ils sont forts ces hommes!!!! Et c'est reparti! Mais vu l'heure tardive, nous décidons finalement de laisser tomber la marche et de nous laisser conduire jusqu'à Tatopani. Est-ce que vous connaissez l'émission "le convoi de l'extrême"? Et bien la route empruntée pourrait faire partie d'un épisode de ce programme TV!!! C'était juste complètement fou et irréel, extrêmement dangereux, nous frôlions ravins, roulions sur des chemins que seuls les 4x4 seraient en mesure de s'approprier, il nous fallait nous agripper pour éviter de valdinguer de tous bords tous côtés, sans compter le fait que toutes les secousses me donnaient un mal de cœur épouvantable bref, des heures de plaisir et c'est l'cas de le dire!!! Arrivée à Ghasa, on change d'autobus et rebelote (360 rp/5$ cad). C'est à la tombée de la nuit que nous atteignons finalement Tatopani. On se trouve un Guesthouse, le plus miteux et le plus cher du trip (1 940 rp en demi-pension/24$ cad), mais comme on dit au Québec, ça fera la job... tant qu'y a de l'eau chaude et du wifi ça nous va! Comme souvent, nous nous fixons des heures de départ bien précises mais à 6, il est toujours difficile de les respecter... enfin disons plutôt que les Jérémies ont souvent de la misère à s'y tenir!!! Bref, nous finissons par décoller en direction de Ghorepani, en reprenant la marche. Nous voilà dans un décor verdoyant, on traverse des ponts suspendus, on longe la rivière, on croise des écoliers, on aperçoit des maisons colorées au milieu d'une végétation généreuse, on perd Jérémie B, on déguste le meilleur dal bath ever qui prendra plus de temps que prévu à servir et on monte des marches encore et encore et encore, elles n'en finissent plus d'apparaître sur notre chemin. C'est vrai qu'on passe tout de même de 1 200 m d'altitude à 2 850... La nuit tombe et nous sortons nos frontales pour arriver à destination. Soudés et épuisés, le silence et la concentration règnent pour finir cette interminable journée de 10h de marche. Notre arrivée remarquée au Guesthouse à 19h fera sourire les autres trekkeurs. Ce soir on se paie la traite et on dort dans un lit hyper confortable (1 760 rp/22$ cad toujours en demi-pension). Le dodo ne se fera pas attendre, nous tombons tous comme des masses, Jérémie B dormira même tout habillé!!! Dernière étape de notre trek imaginé et interprété par cette super équipe sympathique et attachante! Aujourd'hui notre but est de rentrer vers Pokhara sans négliger de marcher un peu. Cependant Jérémie B a des soucis avec son genou il nous faudra donc trouver un moyen pour raccourcir au max l'étape. En même temps, nous sommes perchés en pleine montagne et aucune route n'est accessible avant Hile d'après les dires d'un guide interrogé la veille dans le Guesthouse. Départ très matinal respecté par tous, on encourage notre blessé et c'est parti pour la descente. Ce trajet est clairement une autoroute de randonneurs, c'est la première fois qu'on croisait autant de monde, à coups de "namaste" pour les locaux et de "hello" pour les touristes, nous étions heureux d'avoir choisi un parcours plus original que ce classique visiblement adopté par tous. C'est bien au sud d'Hile que sont stationnées des jeeps, prêtes à vous faciliter la vie en vous conduisant là où vous le souhaitez! Lunch rapide et on embarque tous les 6 vers Pokhara pour 3h de route et 1 000 rp chacun (12$ cad). Dîner d'adieu autour d'un excellent buffet indien et c'est la fin de cette belle aventure!
3 Commentaires
Jacques Lachapelle
10/19/2016 07:05:30 am
Super tes aventures,
Réponse
Olive & sac à dos
10/19/2016 07:39:48 pm
Merci Jacques!
Réponse
Jen
10/20/2016 03:07:04 pm
quelle aventure! l'impression d'y etre avec toi sans la galère..
Réponse
Laisser une réponse. |
ArchivesCatégories |